Actes de 1567 à 1657
Testaments de 1637 à 1678
Hucqueliers est alors un joli bourg, petit centre économique avec ses artisans et commerçants, dans une vallée étroite et riante. Il est traversé par une petite rivière, le Baillons, qui venue du village voisin de Wicquinghem, se jette au Pont Terratu dans la Course. L’église, avec ses deux nefs d’inégale longueur, datant du 15e ou 16e siècle, se dresse sur le versant sud, et le château est occupé par le gouverneur, sur son versant nord.
Par lettres patentes données à Paris par le roi Henri III en janvier 1587, la terre et seigneurie d’Hucqueliers, la baronnie d’Hesdigneul et la châtellenie de Tingry avec les fiefs de Dannes et Camiers, afforages de Desvres et Boulogne, appartenant depuis 1565 à messire François DE LUXEMBOURG, duc de Piney, pair de France, sont érigées et créées en titre et qualité de principauté. Hucqueliers fait donc partie de la principauté de Tingry. Le destin commun des deux seigneuries remonte d’ailleurs au milieu du 12e siècle avec le mariage de Raoul de Fiennes avec Sybille de Tingry.
Les princes de Tingry désignent un gouverneur (appelé capitaine gruyer) qui réside au château d’Hucqueliers, construit sous le comte de Boulogne Philippe Hurepel, et réparé à plusieurs reprises comme l’indique différents comptes de la châtellenie du 15e siècle, protégé à l’est par des bois considérables, et à l’ouest par l’escarpement qui aboutit au marais et forme maintenant la place ; la principale porte ouvre sur le chemin qui conduit au hameau du Catelet ; c’est la rue du château. Il fut pris en 1544 par les Anglais assiégeant Montreuil et Boulogne, en 1591 par les ligueurs de Montreuil, en 1596 par les Espagnols. Un mémoire de 1641 le montre en piteux état ; nous n’en citerons que quelques extraits significatifs : « Hucliers est un chasteau sur une montagne éminente où il n’y a plus que deux grosses tours et de logement qu’en l’une d’icelles, l’autre estant en ruine, le faiste en couverture et planchers tombez et enfoncez jusques au bas et n’y reste plus que l’enceinte de muraille qui paroist encor assez au dehors (…..)La couverture de la grosse tour est fort délabrée en sorte qu’il pleut dans les chambres, elle souloit estre couverte d’ardoise et dont à présent y en a partie de bardeau (….). Au bas et devant ledit chasteau est le village de Hucliers fort beau et agreable, fors qu’il y fait bien sale en hyver.
C’est dans la forteresse d’Hucqueliers que se retrancha en juillet 1662 Bertrand Postel, sieur du Clivet, chef des 600 boulonnais révoltés contre le gouvernement central, qui voulait, au lendemain de la paix des Pyrénées, imposer un impôt nouveau appelé « le don gratuit » ou plutôt la prolongation injustifiée d’un impôt déjà énorme. Les habitants du Boulonnais, en vertu des privilèges de la province, étaient astreints à un service militaire obligatoire aussi les bras manquaient pour les travaux agricoles ; avec des charges pareilles, librement consenties, et fidèlement acceptées, les habitants pouvaient se croire inattaquables dans la jouissance de leurs privilèges ; aussi une imposition annuelle de 81740 livres à percevoir annuellement jusqu’à la fin de la guerre, pour le paiement de la solde, subsistance et ustancilles du régiment de cavalerie de Villequier ne pouvait être que provisoire ; mais quand la paix fut signée le 7 novembre 1659, le pouvoir royal voulut continuer à le percevoir, ce qui entraîna ce mouvement de résistance des paysans du comté. Au bout de deux jours, le 11 juillet, les troupes royales composées de 3000 hommes de troupes, 15 compagnies de fantassins et 10 cornettes de cavalerie, employèrent les canons ; ils n’eurent aucun mal à défoncer les murailles du château.
En définitive 586 mutins furent faits prisonniers et entassés dans l’église ; quelques uns obtinrent la liberté au prix de 100 écus par tête ; quatre furent pendus sur le champ. Conduit à la citadelle de Montreuil, Bertrand Postel d’évada le 12 juillet ; en représailles les soldats du roi brûlèrent son manoir familial. Arrêté à nouveau le 11 août, le sieur du Clivet subit le supplice de la roue le 19 août 1662. Parmi les autres prisonniers, 363 furent condamnés à sept ans dans les galères du roi ; les survivants purent être libérés après avoir payé le prix d’un remplaçant. Cet épisode est connu sous le nom de guerre des Lustucrus ; c’est d’ailleurs le nom de la ruelle qui conduit de la place jusqu’au château. Suivant l’historien Ernest Deseille, Lustucru est un épouvantail de l’enfant comme Croque-mitaine. Les Lustucrus pourraient donc désigner les chefs militaires de l’armée de Louis XIV. Le château fut ensuite démantelé ; c’est au milieu des ruines que se dresse actuellement le château neuf dont les tourelles dominent le pays.
Dans les actes on rencontre souvent la mention du fief de Longeville, fief noble situé à Hucqueliers, mentionné depuis 1248, tenu de la principauté de Tingry, qui donnera son nom à la famille Lefebvre de Longeville qui le possédait au 18e siècle. Situé dans la direction de Wicquinghem, il conserve un corps de logis du 17e siècle, flanqué d’une tourelle servant de pigeonnier.
Un autre fief appelé « fief Fournier » a pris le nom d’importante famille du lieu citée au début du 16e siècle ; il fut vendu en 1652 par Jean-François de Héricourt et sa sœur à Jacques Accary, écuyer, sieur de Maninghen, gouverneur gruyer de la principauté de Tingry.
La paroisse d’Hucqueliers, malgré son importance, est alors annexe de Preures ; elle le restera jusqu’au concordat. Un vicaire y réside.
Dès la seconde moitié du 16e siècle, Hucqueliers possède plusieurs offices notariaux ; actuellement nous ignorons leur dévolution exacte jusqu’au milieu du 17e siècle. On peut déplorer la destruction en 1915 lors de l’incendie des archives départementales du Pas-de-Calais des « registres d’office » de la sénéchaussée du Boulonnais (1601-1623), qui auraient pu nous renseigner partiellement. Voici la liste des notaires connus pour la période étudiée : Jehan DE QUÉHEN, cité de 1567 à 1580 ; Philippe GLORIAND, cité de 1571 à 1587, époux d’Isabeau DUCROCQ ; Nicolas VAILLANT, cité de 1581 à 1587 ; Ezaïe PINGUEREL, cité de 1600 à 1623 ; Gentien DE QUÉHEN, cité de 1611 à 1634 ; Nicolas VIDOR, cité de 1627 à 1632 ; Philippe DE QUÉHEN, cité en 1628 ; Philippe REMBERT, cité de 1634 à 1680.
Sans que l’on soit capable de connaître sa date d’installation à Hucqueliers, on peut affirmer que Philippe Rembert y exerce son activité dès 1634 (4 juillet) ; il est fils de Charles REMBERT, marchand de draps, et d’Antoinette MARCQUANT. En 1637, à cause de la guerre, il se réfugie au bourg de Samer et y reste jusqu’en 1669. Son dernier acte à Hucqueliers est daté du 4 août 1680. Il avait épousé Marguerite GODART + avant 9 septembre 1662, veuve de Nicolas VIDOR, notaire royal à Hucqueliers, fille de Jean GODART, marchand mercier au bourg d’Hucqueliers, et de Jeanne RAULT. Il se remaria avec Suzanne MAUPIN, décédée à Montreuil le 26 février 1681, fille de Nicolas MAUPIN.
L’ensemble des actes colligés de la première partie de notre étude (1567 à 1657) constitue un recueil d’actes analysés ou transcrits partiellement, classés par ordre chronologique, provenant de fonds divers concernant notamment des registres aux insinuations du Boulonnais, des minutes originales de Maître Philippe Rembert, des documents entrés aux archives du Pas-de-Calais par voie extraordinaire de la série J.
Pour la période étudiée quatre registres aux insinuations du Boulonnais renferment des actes passés devant les notaires d’Hucqueliers (entre 1571 et 1635) ; certains, en trop mauvais état, ne sont plus consultables. Nous avons eu recours aux analyses de Roger Rodière, intitulées « extraits des registres aux insinuations de la sénéchaussée du Boulonnais », et les avons complétées en utilisant les registres communicables.
Les minutes de Maître Philippe Rembert pour la période étudiée (ici de 1637 à 1657) sont très lacunaires ; bien qu’il soit titulaire d’un office notarial à Hucqueliers, il réside continuellement à Samer, dans un premier temps à cause des guerres incessantes, Hucqueliers étant très proche de la frontière artésienne, et ensuite par convenance personnelle, ce qui ne l’empêche pas de s’y rendre régulièrement pour rédiger des actes. Il n’y retournera définitivement qu’en 1670.
La seconde partie rassemble tous les testaments recueillis par Maître Rembert de 1637 à 1678. Elle fait suite à l’étude des testaments reçus par les notaires d’Hucqueliers entre 1678 et 1710 publiée précédemment sous la référence AM 463 au prix de 18€ (Prix adhérent : 15€).
Les principales localités concernées par ces actes, outre Hucqueliers, sont : Aix-en-Ergny, Alette, Avesnes, Bernieulles, Beussent, Bezinghem, Bimont, Boulogne-sur-Mer, Bourthes, Campagne-lès-Boulonnais, Clenleu, Cormont, Desvres, Doudeauville, Embry, Enquin-sur-Baillons, Ergny, Estrée, Etaples, Halinghen, Herly, Hubersent, Humbert, Longvilliers, Maninghem-au-Mont, Montreuil, Parenty, Preures, Quilen, Rumilly, Saint-Michel-sous-Bois, Samer, Sempy, Thiembronne, Tingry, Verchocq, Verlincthun, Wicquinghem, Widehem, Wirwignes, Zoteux.
L’ouvrage est clôturé par une table des principaux patronymes et un index locorum.
Ouvrage publié sous la référence AM 476